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Indispensable, l'éloge ?

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3059 - "Frappez, et on vous ouvrira." (Matthieu VII)

Jacques Serguine né en 1935 est un écrivain français à la plume prolixe dont l'histoire littéraire retiendra assurément la prose... Remarqué très jeune par Jean Paulhan(Tiens, tiens. L'homme en l'honneur de qui "Pauline Réage"écrivit "Histroire d'O") qui publiera ses premiers textes dans La Nouvelle Revue française, Serguine fera scandale dès son quatrième roman...

En effet, son sulfureux"Mano l'Archange" mettant en scène un héros de treize ans et sa sœur livrés à eux-mêmes, bien qu'unanimement salué par la critique littéraire, sera interdit à la vente pour "atteinte aux bonnes mœurs"... On notera que Serguine fit une incursion au cinéma: on lui doit le scénario original de "la fiancée du pirate" de Nelly Kaplan qui révéla Bernadette Lafont...

Dès lors, comment s'étonner qu'en marge d'une œuvre littéraire consacrée dans son ensemble à l'aspect sensuel des rapports humains, Serguine soit également l'auteur de "Cruelle Zélande" (amusante pochade insulaire érotico-porno qui parut tout d'abord anonymement) et du très connu "Éloge de la fessée" dont on prétend qu'il a donné ses lettres de noblesse à cette fantaisie érotique qu'est la fameuse "éducation anglaise" ?

J'ai découvert Serguine peu avant mes 18 ans...

Cette osée couverture "rose sur rose" avec une main gaufrée d'une teinte plus foncée se détachant dans un très bel effet de relief, je l'ai aperçue un beau jour de 73 au Drugstore de Parly 2, au milieu de la production livresque du moment. Autant dire que me mordant la lèvre, je m'en suis saisi subrepticement après un rapide coup d’œil à gauche et à droite et que j'ai commencé sur place une lecture attentive des toutes premières pages. Il n'y en a pas beaucoup, moins d'une centaine, on est plus proche de l'essai que du roman, autant prévenir.

Las, utilisant sa propre expérience, l'auteur âgé alors de 38 ans y aborde sa manière très conjugale de pratiquer la chose avec son épouse Michèle, façon de faire qui ne parla évidemment pas du tout au très jeune homme inexpérimenté que j'étais alors. 

J'ai toutefois après plusieurs jours d"hésitations (et de retours sur place pour le feuilleter à nouveau) fini par acquérir l'ouvrage "maudit", l'amenant à la caisse, rouge pivoine. Je crois me souvenir dans ma gêne que la jeune caissière me dévisagea tout en glissant l'objet du délit dans une anonyme et salutaire pochette plastique, mais c'est un souvenir fugace, ce qui est certain, c'est que je tendis mon argent et filai sans recompter ma monnaie.

La quatrième de couverture est explicite:

"Ce petit manuel vise à une réhabilitation de la fessée qui a le privilège magique de demeurer un des gestes de l'amour. À partir d'une expérience personnelle, Jacques Serguine échafaude une théorie brillante et, en trois chapitres d'une grande précision, raconte pourquoi, quand et comment il pratique la fessée quand il est amoureux. Il fait ainsi une belle démonstration du plaisir, de l'enseignement et du rapprochement qu'un homme et une femme peuvent tirer de son usage..."

Tout est dit ?

Presque. 

"Jacques Serguine est un homme normal et sain qui aime et respecte les femmes, leur corps, leur derrière. Il explique sa réflexion sans sadisme ni masochisme aucun, avec beaucoup d'égard, de tendresse et juste ce qu'il faut de perversité pour demeurer en accord et en osmose avec l'Être aimé. 

Ces trois chapitres intéressants mêlent culture, érotisme, philosophie et nous interpellent car notre éducation se veut quelque peu puritaine. Il nous expose les biens faits de la fessée au sein de son couple, ce geste d'amour dénudé, à son sens, de toute supériorité. 

Sa réflexion attire notre attention. On comprend, on suit et, pourquoi pas... on adhère. Son geste préliminaire effleure, caresse, trouble, réconcilie, excite et se veut plus ou moins intense selon le désir de chacun c'est-à-dire entre deux personnes équilibrées qui se respectent et qui s'aiment."

Pour ma part, je recherchais alors des récits troubles sur le sujet et comme je n'avais pas encore vécu grand-chose en la matière, je m'intéressais davantage à l'aspect punitif et honteux du geste qu'à l'érotisme qu'il contient. Le livre de Serguine à l'opposé de tout ça ne me généra en cette année-là que de l’ennui et la sensation de lire un récit exhibitionniste dans lequel au final l'auteur ne parle que de lui avec une certaine délectation suspecte et une autosatisfaction à peine dissimulée...

Je ne pense pas que mon avis serait si différent en relisant de nos jours...

Mais à vous de juger, si vous ne connaissez pas cette petite "Bible"...

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