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Chardon... et épines !

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3201 - "Comment Claire y passe !"

Vous avez vu la séquence dans le post Outlander, autant lire la même scène écrite par Diana Gabaldon...

"... Après un long silence, il soupira et fit claquer sa ceinture contre sa cuisse. 

- Bien... dit-il. Finissons-en. Tu as commis une grave faute en outrepassant mes ordres et je dois te punir, Claire. Tu te souviens de ce que je t'ai dit dans le petit bois, ce matin ? 

Je m'en souvenais parfaitement et reculai précipitamment contre le mur. 

- Que... veux-tu dire ? 

- Tu sais très bien de quoi je parle, répondit-il fermement. Penche-toi sur le lit et remonte tes jupes. 

- Non, mais je rêve ! Il n'en est pas question ! criai-je en m'accrochant au montant du lit. Jamie m'observa un moment, se demandant comment il allait s'y prendre. Je réalisai soudain que rien ne l'empêcherait de faire de moi ce qu'il voudrait. Il était nettement plus fort et personne ne viendrait à mon secours. Finalement, il sembla opter pour la discussion, posa sa ceinture et grimpa sur le lit à mes côtés. 

- Écoute, Claire... commença-t-il. 

- J'ai déjà dit que j'étais désolée ! explosai-je. Et je le pense sincèrement. Je ne le ferai plus jamais. 

- Justement, tu es bien capable de recommencer. Tu n'as pas conscience de la gravité de la situation. Je crois que, là d'où tu viens, la vie est plus facile. Pour toi, obéir ou désobéir à un ordre n'est pas une affaire de vie ou de mort. Au pire, cela peut provoquer des désagréments pour ton entourage, mais sans plus. 


Il tripota la couverture, tentant d'organiser ses pensées. 

- Ici, le moindre faux pas peut avoir des conséquences tragiques, surtout pour un homme comme moi. 

Il me caressa l'épaule, voyant que j'étais au bord des larmes. 

- Je sais que tu ne mettrais jamais délibérément la vie d'un autre en danger. Mais tu peux le faire sans le vouloir, comme aujourd'hui, simplement parce que tu ne me prends pas au sérieux quand je te mets en garde. Tu es habituée à penser par toi seule, et je sais que tu n'as pas l'habitude de laisser un homme te dicter ta conduite. Mais il faut que tu apprennes, pour notre salut à tous. 

- Je comprends, répondis-je lentement. Tu as parfaitement raison. Dorénavant, je ferai ce que tu me dis, même si je ne suis pas d'accord. 

- À la bonne heure ! Il se leva et reprit sa ceinture. 

- Alors, viens, qu'on en finisse une fois pour toutes. 

Les bras m'en tombèrent. 

- Quoi ? Mais puisque je viens de dire que je t'obéirai ! 

Il poussa un soupir exaspéré et se rassit sur son tabouret. 

- Écoute. Tu viens de dire que tu comprenais et je te crois sur parole. Mais il y a une différence entre comprendre quelque chose par la pensée et le savoir vraiment, au fond de soi. 

 J'acquiesçai, à contrecœur. 

- Je dois te punir, reprit-il, pour deux raisons: d'une part pour que tu saches.

Il esquissa un sourire. 

- Et je suis bien placé pour te dire qu'une bonne raclée, ça ne s'oublie pas... 

Je m'accrochai un peu plus fort au montant du lit. 

- ... et d'autre part, à cause des hommes. Tu as vu leur tête, ce soir, pendant le dîner ? Ce n'est que justice, Claire: tu leur as fait du tort à tous, et maintenant, tu dois en payer le prix. 

Il prit une profonde inspiration.

- En tant que ton époux, mon devoir est de te corriger. Et j'ai bien l'intention de le faire. 


J'avais de fortes objections à opposer à ce raisonnement. Le fait était que les torts étaient en partie de mon côté, mais, justice ou pas, mon amour-propre ne pouvait tolérer que je sois battue, par qui que ce soit et pour quelque raison que ce soit. Je me sentais profondément trahie par cet homme que j'avais considéré comme un ami, un protecteur et un amant. 

En outre, mon instinct de survie était terrifié à l'idée d'être livrée à la merci d'un homme qui maniait un glaive de trente kilos aussi aisément qu'un chasse-mouches. 

- Je ne te permettrai pas de me frapper, dis-je fermement, sans lâcher le montant du lit. 

- Ah non ? Mais je ne demande pas ta permission. Tu es ma femme, que ça te plaise ou non. Si je décidais de te casser un bras, de te mettre au pain sec et à l'eau, ou de t'enfermer pendant des jours dans une armoire - ce qui n'est peut-être pas une mauvaise idée - rien ni personne ne pourrait m'en empêcher. 

- Je vais hurler et ameuter toute l'auberge ! 

- Je n'en doute pas. Si tu ne cries pas avant, tu crieras pendant. On t'entendra sûrement jusque dans la ferme voisine, tu as du coffre. 

Il esquissa un sourire odieux et s'approcha. Il parvint non sans mal à détacher mes doigts agrippés au montant du lit, puis me traîna de force par une jambe. Je lui envoyai des coups de pied dans le tibia, mais, comme j'étais pieds nus, il ne sentit probablement pas grand-chose. Il me plaqua sur les draps, me tordant un bras derrière le dos pour m'immobiliser.

- Cesse de bouger, Claire ! Si tu coopères, on s'en tiendra à douze coups. 

- Et sinon ? 

II prit sa ceinture et la fit claquer contre sa jambe avec un bruit sinistre. 

- Alors je te mettrai un genou dans les reins et je te battrai jusqu'à ce que ça me fasse mal au bras. Et je te préviens, je ne me fatigue pas facilement. 

Je me débattis de plus belle en rebondissant sur le lit et me retournai: 

- Tu n'es qu'un barbare ! lui lançai-je au visage. Un... un sadique ! Avoue que ça te fait plaisir ! Je ne te le pardonnerai jamais ! 

Jamie marqua un temps d'arrêt, tordant la ceinture entre ses doigts. 

- J'ignore ce qu'est un “sadique“, répondit-il enfin, mais si je t'ai pardonné pour cet après-midi, tu me pardonneras bien à ton tour, dès que tu seras en état de t'asseoir. Quant à mon plaisir... 

Il esquissa une moue dégoûtée. 

 - J'ai dit que je devais te punir, je n'ai jamais dit que j'en avais envie. 

Il plia un doigt, me faisant signe d'approcher. 

- Viens par ici. 


Le lendemain matin, j'hésitai à sortir de la chambre. Je traînai, nouant puis dénouant les rubans de ma robe, brossant mes cheveux. Je n'avais pas adressé la parole à Jamie depuis la veille, mais il remarqua mon manège et insista pour que je descende avec lui pour le petit déjeuner. 

- Tu n'as pas besoin d'avoir honte devant les autres. Ils vont sans doute te chahuter un peu, rien de bien méchant. Allez, courage ! 

Il voulut me caresser le menton et je lui mordis la main. 

- Aïe ! fit-il en soufflant sur ses doigts. Attention, petite, on ne t'a jamais dit qu'il ne fallait pas mettre n'importe quoi dans la bouche ? 

Il pouvait être d'humeur rieuse, l'ordure ! Il ne perdait rien pour attendre. La nuit avait été très déplaisante. Ma soumission résignée n'avait duré que jusqu'au premier claquement du cuir sur ma peau. Une lutte acharnée avait suivi, laissant Jamie avec un nez en sang, trois longues éraflures sur sa joue et un poignet mordu jusqu'à l'os. Quant à moi, comme promis, je m'étais retrouvée le nez dans la couverture, un genou dans les reins, recevant la raclée de ma vie. 

Jamie, cet abject homme des cavernes écossaises, avait vu juste. 

Dans la salle à manger, les hommes se montrèrent légèrement distants, mais amicaux. L'hostilité et le mépris de la veille avaient disparu. Tandis que je me servais des œufs sur la console, Dougal s'approcha et glissa un bras paternel sur mon épaule. Sa barbe me chatouilla l'oreille tandis qu'il déclarait à voix basse: 

- J'espère que Jamie n'y a pas été trop fort, la nuit dernière. On aurait dit qu'il était en train de vous égorger. 

Je détournai la tête pour ne pas montrer mon teint cramoisi. 

Lorsque j'avais vu que je ne pourrais y échapper, j'avais décidé de rester stoïque et de ne pas broncher pendant l'épreuve, mais le sphinx lui-même n'aurait pu garder la bouche fermée si Jamie Fraser s'en était pris à lui... 

Dougal se tourna et appela Jamie, assis en train de manger du pain et du fromage. 

- Hé, Jamie, tu n'avais pas besoin de manquer tuer ta pauvre femme, une gentille petite fessée aurait suffi. 

Il me donna une petite tape sur les fesses qui me fit grimacer de douleur. Je le foudroyai du regard. 

- Bah, un arrière-train endolori, ça ne dure jamais longtemps, déclara Murtagh. 

- C'est vrai, intervint Ned en souriant, venez donc vous asseoir, Claire. 

- Merci, répondis-je dignement. Je préfère rester debout. 


Tous les hommes rugirent de rire. Jamie évitait soigneusement mon regard, étalant le fromage sur sa tartine avec application. Les taquineries se poursuivirent tout au long de la journée et chaque homme trouva une excuse pour venir me gratifier d'une tape sur les fesses. 

Toutefois, ce fut supportable et je reconnus rageusement que Jamie avait eu raison, même si j'avais toujours envie de l'étrangler. M'asseoir étant hors de question, je m'occupai toute la matinée à raccommoder des vêtements et à coudre des boutons !" 
Extrait"Outlander"© Diana Gabaldon

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