3381 - "Imaginons la tête de la caissière quand tu lui tends le livre..."
Un livre avec un titre pareil, forcément ça m'interpelle plutôt pas mal !
96 pages et 8€50, au fait...
"Pas dans le cul aujourd'hui" n'est pas le titre d'un film porno de Canal + mais une lettre d'amour, écrite par Jana Černáà son mari, le philosophe Egon Bondy. Le titre provocateur cache d'autres choses plus profondes, si je puis dire...
- “Pas dans le cul aujourd’hui, j’ai mal !
Et puis j’aimerais d’abord discuter un peu avec toi car j’ai de l’estime pour ton intellect. On peut supposer que ce soit suffisant pour baiser en direction de la stratosphère...”
Car oui, dans leur couple, si le sexe est bel et bien exalté au point que chaque partie du corps de l’autre devient source d’expérimentation érotique à l'infini, on n'en a pas moins des discussions philosophiques à bâtons rompus qui se terminent invariablement sur l’oreiller…
Alors, si ce titre provocateur insiste sur le contenu érotique du texte, il fait aussi la part belle à la rébellion d’une femme confrontée comme son peuple à l’atmosphère délétère de cette Tchécoslovaquie d’après-guerre. Elle et son compagnon font partie de la culture clandestine de Prague, publiant leurs écrits sous forme de samizdat(une façon de faire circuler de manière clandestine toutes sortes d'écrits interdits en URSS et dans les pays du bloc de l’Est) jusqu’à la chute du communisme !
Probablement écrite en 1962, (elle a alors 34 ans) cette lettre est un véritable plaidoyer pour la liberté individuelle.
Six ans avant le Printemps de Prague porteur de tant d'espoirs mais aussi du terrible sacrifice de Jan Palach, Jana livrait dans cette missive amoureuse son rêve de bousculer l'ordre établi et révolutionner les codes de conduite en recherchant de nouvelles manières de se comporter, autant dans la vie privée, les rapports sentimentaux... qu'évidemment la sexualité.
Refusant de se soumettre au diktat masculin omniprésent, elle revendique certes une sexualité libre, mais surtout indissociable des sentiments et de l’activité intellectuelle.
Marginalité et rejet du conformisme sous toutes ses formes sociétales semblent avoir été sa ligne de conduite et auront dirigé sa vie... Elle meurt en 1981 dans un banal accident de voiture. Egon Bondy, dans la vie duquel Jana est restée profondément ancrée, écrira le jour de son enterrement:
“On l’enterre en ce moment et moi je suis si loin, assis dans une ville glacée où personne ne sait qu’elle a été ce que l’homme peut atteindre de plus grand."
On a connu des épitaphes moins gracieuses...
Jana Černá née à Prague en 1928 est la fille de l'architecte avant-gardiste Jaromir Krejcar et de Milena Jesenská - la célèbre Milena de Kafka - journaliste et résistante, emprisonnée en août 1939 et morte à Ravensbrück...
Confiée à son grand-père, Jana suit des études artistiques et choisira de mener une vie de bohème anticonformiste. Jamais d'emploi stable, exerçant des activités occasionnelles de femme de ménage, de contrôleuse de tramway, ou encore d'aide-cuisinière, c'est à 19 ans, à la mort de son grand-père en 1947 qu'elle reçoit un héritage conséquent, qu'elle va pourtant rapidement dilapider dans l'insouciance des gens pour qui l'argent n'a pas d'importance. Plusieurs fois mariée, mère de cinq enfants, Jana Černá fréquente les milieux littéraires du surréalisme et de l'underground, collaborant à différentes publications de cette mouvance...
Un livre avec un titre pareil, forcément ça m'interpelle plutôt pas mal !
96 pages et 8€50, au fait...
"Pas dans le cul aujourd'hui" n'est pas le titre d'un film porno de Canal + mais une lettre d'amour, écrite par Jana Černáà son mari, le philosophe Egon Bondy. Le titre provocateur cache d'autres choses plus profondes, si je puis dire...
- “Pas dans le cul aujourd’hui, j’ai mal !
Et puis j’aimerais d’abord discuter un peu avec toi car j’ai de l’estime pour ton intellect. On peut supposer que ce soit suffisant pour baiser en direction de la stratosphère...”
Car oui, dans leur couple, si le sexe est bel et bien exalté au point que chaque partie du corps de l’autre devient source d’expérimentation érotique à l'infini, on n'en a pas moins des discussions philosophiques à bâtons rompus qui se terminent invariablement sur l’oreiller…
Alors, si ce titre provocateur insiste sur le contenu érotique du texte, il fait aussi la part belle à la rébellion d’une femme confrontée comme son peuple à l’atmosphère délétère de cette Tchécoslovaquie d’après-guerre. Elle et son compagnon font partie de la culture clandestine de Prague, publiant leurs écrits sous forme de samizdat(une façon de faire circuler de manière clandestine toutes sortes d'écrits interdits en URSS et dans les pays du bloc de l’Est) jusqu’à la chute du communisme !
Probablement écrite en 1962, (elle a alors 34 ans) cette lettre est un véritable plaidoyer pour la liberté individuelle.
Six ans avant le Printemps de Prague porteur de tant d'espoirs mais aussi du terrible sacrifice de Jan Palach, Jana livrait dans cette missive amoureuse son rêve de bousculer l'ordre établi et révolutionner les codes de conduite en recherchant de nouvelles manières de se comporter, autant dans la vie privée, les rapports sentimentaux... qu'évidemment la sexualité.
Refusant de se soumettre au diktat masculin omniprésent, elle revendique certes une sexualité libre, mais surtout indissociable des sentiments et de l’activité intellectuelle.
Marginalité et rejet du conformisme sous toutes ses formes sociétales semblent avoir été sa ligne de conduite et auront dirigé sa vie... Elle meurt en 1981 dans un banal accident de voiture. Egon Bondy, dans la vie duquel Jana est restée profondément ancrée, écrira le jour de son enterrement:
“On l’enterre en ce moment et moi je suis si loin, assis dans une ville glacée où personne ne sait qu’elle a été ce que l’homme peut atteindre de plus grand."
On a connu des épitaphes moins gracieuses...
Jana Černá née à Prague en 1928 est la fille de l'architecte avant-gardiste Jaromir Krejcar et de Milena Jesenská - la célèbre Milena de Kafka - journaliste et résistante, emprisonnée en août 1939 et morte à Ravensbrück...
Confiée à son grand-père, Jana suit des études artistiques et choisira de mener une vie de bohème anticonformiste. Jamais d'emploi stable, exerçant des activités occasionnelles de femme de ménage, de contrôleuse de tramway, ou encore d'aide-cuisinière, c'est à 19 ans, à la mort de son grand-père en 1947 qu'elle reçoit un héritage conséquent, qu'elle va pourtant rapidement dilapider dans l'insouciance des gens pour qui l'argent n'a pas d'importance. Plusieurs fois mariée, mère de cinq enfants, Jana Černá fréquente les milieux littéraires du surréalisme et de l'underground, collaborant à différentes publications de cette mouvance...
"Pas dans le cul aujourd’hui" -Jana Cerna - Éditions La Contre Allée